- KHAJURAHO
- KHAJURAHOSitué dans l’Inde centrale, au Bundelkhand, le site archéologique de Khajur ho est sans conteste l’un des plus importants de l’Inde en raison du nombre de temples qui y furent élevés (environ quatre-vingts), de la beauté de leur architecture et de la qualité de leur décoration. Aujourd’hui, il reste vingt-cinq temples debout, soigneusement restaurés et entretenus par le service archéologique de l’Inde.Ces temples s’échelonnent dans le temps du milieu du Xe au début du XIVe siècle. Ils représentent parfaitement l’art médiéval de l’Inde centrale, un autre ensemble comparable et contemporain étant celui de Bhubaneçwar en Oriss .Pendant cette période, le Bundelkhand fut dirigé par la dynastie des Chandella, famille princière, une des plus puissantes de l’époque sans nul doute. Ils firent de Khajur ho leur capitale religieuse qui, de ce fait, devint aussi, jusqu’à la chute de la dynastie vers 1310, un des bastions de la résistance hindoue face à l’envahissement de l’islam, dont les conquérants s’acharnèrent plusieurs siècles durant à abattre manu militari et la puissance et la culture.Les templesLes temples de Khajur ho sont groupés en trois vastes ensembles à l’ouest, à l’est et au sud de la localité actuelle. Les exemples qui paraissent les plus anciens se trouvent dans le groupe occidental, notamment le temple consacré aux soixante-quatre yogin 稜 (divinités féminines de caractère démoniaque), dont le plan très particulier appelle des comparaisons avec plusieurs temples de l’Inde, par exemple le Kail san tha de K ñc 稜puram (VIIIe siècle): il s’agit d’une enceinte rectangulaire, élevée sur une plate-forme à plusieurs marches et dont le mur pourtournant sert de point d’appui à soixante-quatre chapelles ouvertes vers la cour intérieure, plus une chapelle principale au centre du mur du fond. Il est possible que ce temple appartienne au VIIIe ou au IXe siècle.Mais le style propre à Khajur ho, très richement décoré, s’est principalement développé autour de l’an mille et dans la première moitié du XIe siècle. Plusieurs sanctuaires célèbres l’illustrent: dans le groupe occidental, le Ka ユボ riya, Mah deva, le Dev 稜 Jagadamb , le Vi ごvan tha (qui est du type pañch yatana , c’est-à-dire composé de cinq sanctuaires disposés en quinconce sur une terrasse), le Lak ルma ユa, construit sur un plan de même type, etc.; dans le groupe oriental, trois temples brahmaniques, dont il faut citer le V mana, et trois temples jaïna: Gha ユレai (il n’en reste que le porche ou ma ユボapa ), face="EU Upmacr" dinatha et P r ごvan tha; enfin, dans le groupe méridional, le Dul deo et le Caturbhuja ou Jatkari.Ce sont, dans l’ensemble, des temples dont le sanctuaire est surmonté d’une haute toiture ( ごikhara ) en forme d’obus. Ces toitures sont constituées d’un ごikhara principal, sur les flancs duquel sont plaqués, à des niveaux variés mais symétriques, des ごikhara en réduction, de tailles différentes; plus minces et plus effilées qu’à Bhubaneçwar, elles créent un bel effet architectural. Les différentes parties traditionnelles du temple brahmanique sont comme soudées les unes aux autres, en enfilade, sur un haut soubassement commun. Leur plan dessine souvent une croix de Lorraine, avec de multiples décrochements. On accède au temple par un haut perron aboutissant à un porche, puis l’on parcourt successivement un prévestibule (ardhama ユボapa ) et un vestibule (ma ユボapa ) éclairé latéralement par des fenêtres saillantes sur les côtés et munies d’un balcon. On pénètre ensuite dans une salle carrée, appelée grand vestibule (mah -ma ユボapa ), qui donne accès, par une petite salle intermédiaire (anta-rala ), au sanctuaire proprement dit (garbha-g リha ); un couloir (pa レha ) permet d’exécuter le rite de la circumambulation (pradak ルi ユ ) autour de la salle et du sanctuaire. La plupart ouvrent leur porte face à l’est. Les temples jaïna du groupe oriental ont un plan beaucoup plus simple, rectangulaire, mais leur décoration est aussi abondante.Le décor sculptéL’ornementation règne partout, sur la modénature des soubassements, les encadrements des portes, les piliers, les balcons et surtout sur les plafonds. Ces derniers sont entièrement sculptés, soit en carrés concentriques (comme au ma ユボapa du Gha ユレai), soit en cercles comme au Dul deo, où des consoles sculptées en forme de grands personnages debout imitent des coupoles rayonnantes.Les hauts-reliefs parant les murs extérieurs font la renommée du style de Khajur ho. Divisés en bandes horizontales superposées, rythmés par des redans et séparés par des entablements et des doucines, ces reliefs représentent des couples, des groupes, ou encore des personnages isolés. Tous appartiennent à l’esthétique propre à ce style: silhouette allongée et souvent contournée, stylisation particulière du visage à l’ovale arrondi, aux yeux allongés et à demi fermés, aux sourcils en relief, au nez parfois pointu mais généralement droit et légèrement épaté, à la bouche sérieuse sinon un peu boudeuse. Les attitudes féminines surtout sont empreintes d’un certain maniérisme. Sur ces parois, l’on trouve également des sujets érotiques, héritiers des «couples amoureux» (mithuna ) bien connus dès les époques anciennes de l’art indien.Quelques rondes-bosses ont été trouvées dans le site, tels ces groupes où un lion mythique à demi dressé domine une femme accroupie devant lui dans une attitude défensive (Mah deva et Lak ルma ユa). Les cambrures contrariées des corps de l’animal et de la femme sont d’une grande beauté et se retrouvent dans un combat au corps à corps où s’affrontent deux guerriers respectivement armés d’une massue et d’une épée.Il faut mentionner aussi un taureau Nandin, monture sacrée (v hana ) de えiva, abrité dans une des quatre chapelles élevées aux angles de la plate-forme du temple de Vi ごvan tha, ainsi qu’un colossal sanglier, forme du dieu Vi ルユu dans son incarnation (avat ra ) de V raha. Abrité dans un petit temple du groupe occidental, son corps est entièrement recouvert de six cent soixante-quatorze petits personnages disposés en registres superposés: dieux, serpents (n ga ), danseurs, musiciens, selon une iconographie connue ailleurs dans l’Inde, mais rarement exprimée avec autant de maîtrise.Bien que les monuments que l’on peut visiter aujourd’hui à Khajur ho ne représentent qu’une faible partie de l’ensemble initial, ils témoignent de la grandeur des Candella et sont tout à fait caractéristiques de l’art médiéval de l’Inde centrale et septentrionale.
Encyclopédie Universelle. 2012.